jeudi 24 octobre 2013

Dictée d'E.L.A.

Le lundi 14 octobre 2013, les élèves de 3e du collège ont participé à la dictée d'E.L.A. (Association Européenne contre les Leucodystrophies). Cette action citoyenne s'est déroulée en présence de Mme Fraioli, championne de tennis handisport.
La dictée d'E.L.A. permet un moment d'échange sur la solidarité, le respect, le handicap ; elle marque le lancement officiel de cette campagne organisée depuis 1994 dans les écoles, collèges et lycées. C'est Joël Dicker, prix Goncourt des lycéens 2012 qui a rédigé un texte inédit, dédié au combat des enfants d'E.LA. contre la maladie. Le même texte est lu le même jour par un enseignant ou une personnalité.
http://ela-asso.com/
N Sourd-Vandaele

Quand André m’a dit pour sa sœur, je n’en revenais pas. 
– Malade ? ai-je répété. Comment ça « malade » ? 
– C’est ce que les médecins ont dit. 
On s’est assis sur un banc du parc et on a soupiré tous les deux. On n’avait plus du tout envie de 
faire une course de vélo à travers l’allée centrale. 
– En plus elle a pas du tout l’air malade, j’ai dit. Moi, quand je suis malade, j’ai de la fièvre et je 
reste au lit. 
– C’est à cause que c’est une maladie évolutive. 
Je n’ai pas pu m’empêcher de le corriger.
– On ne dit pas « à cause que » on dit « parce que ».
André s’est rebellé :
– Oh, on s’en fout de la grammaire aujourd’hui ! En gros, ça veut dire qu’aujourd’hui ça va, mais 
demain ça ira moins bien, et le jour d’après aussi. Et quand t’es un enfant, tu vas pas bien loin 
quand ça commence comme ça pour toi…
– Et les médecins disent qu’on peut rien faire ? 
– Rien. Rien de rien. Ils font bien de la recherche. Mais ça se guérit pas.
André m’a regardé avec un air très triste. Je lui ai dit : 
– Faut pas être triste. Ça va pas aider ta sœur.
Il m’a répondu : 
– Je suis triste parce que je peux rien faire. 
Je l’ai attrapé par les épaules et je lui ai dit : 
– Bien sûr qu’on peut faire ! On peut même faire des tas de choses ! On va en parler autour de 
nous, on fera un exposé en classe, on récoltera de l’argent pour aider la recherche en portant 
les commissions des vieilles dames, en organisant des ventes de pâtisseries, en promenant les 
chiens des voisins. On va pas se laisser faire ! On va se battre ! C’est ensemble qu’on est fort !
Le visage d’André s’est illuminé et, d’un coup, il a sauté du banc et a enfourché son vélo. 
– En route, s’est-il écrié. 
– On va où ? J’ai demandé en me précipitant pour le suivre. 
Il m’a regardé et il m’a dit en souriant : 
– Changer le monde. 
Joël Dicker, Goncourt des lycéens 2012